LE VÊTEMENT N’A DE VALEUR QUE SI ON LUI EN DONNE

LE VÊTEMENT N’A DE VALEUR QUE SI ON LUI EN DONNE

"Ce n'est qu'une paire de chaussures jusqu'à ce que mon fils la porte"
– Deloris Jordan

C’est une idée toute simple, et pourtant, elle est à la base de beaucoup de discussions. Comment peut-on payer un simple t-shirt noir 80 € ?
Tout simplement parce que c’est la valeur que nous lui avons donnée. Ce n’est qu’un simple t-shirt noir jusqu’à ce qu’on appose un logo dessus. Ce n’est pas le prix du t-shirt que vous payez, mais le prix d’une image de marque, de valeurs, d’une notoriété.
Il devient un véritable symbole de style, de statut ou d’appartenance…

C’est ce que démontre la phrase "Ce n'est qu'une paire de chaussures jusqu'à ce que mon fils la porte", tout droit sortie du film AIR de Ben Affleck. Le film retrace l’histoire de Nike, de ses débuts désastreux sur le marché de la chaussure, et de comment elle a réussi à inverser la tendance pour devenir la référence que nous connaissons tous.
Et ce, grâce à Michael Jordan.
La valeur d’une paire de chaussures ne réside pas dans ses caractéristiques techniques, mais dans l’histoire qui l’a construite et l’athlète qui la porte.
Aujourd’hui encore, ces chaussures sont un héritage : les Air Jordan représentent un symbole culturel, montrant comment une idée peut transcender le sport pour entrer dans l’histoire.

C’est la force narrative et symbolique qui transforme l’ordinaire en extraordinaire.

Et ça, les marques l’ont bien compris.
Il existe de nombreux autres exemples qui peuvent illustrer ces propos :

  • James Bond et les montres Rolex
  • Les Yeezy de Kanye West
  • Le sac Birkin d’Hermès
  • Marilyn Monroe et les jeans Levi's 501

C’est peut-être d’ailleurs, sans le savoir, ce qui a provoqué l’émergence du métier d’influenceur.

L’INFLUENCE, UN RÉEL ENJEU MARKETING

De nos jours, les influenceurs sont étroitement liés à la création de valeur, et les marques en profitent : de l’égérie de parfum jusqu’à l'ambassadeur d’une marque naissante…

Grâce à des mises en scène élaborées (ou non), et à une mise en valeur du produit dans leur quotidien, les influenceurs créent un attachement personnel envers l’objet et une relation de confiance avec leurs abonnés. C’est un procédé inspiré du cinéma. On parle d’ailleurs de props : des objets de collection inanimés avec lesquels les acteurs interagissent durant le film, et qui font ensuite l’objet de produits dérivés de marketing (exemples : l’anneau de Sauron dans Le Seigneur des Anneaux, la carte du Maraudeur dans Harry Potter...).

LE PIED DANS LA FOURMILIÈRE

Un métier en pleine croissance qui n’a pas su être régulé : c’est ce que le rappeur Booba a dénoncé l’année dernière.
Le terme “influ-voleur” met en lumière les dérives et les excès de ce métier. Il pointe la frontière floue entre la création de valeur authentique et l'exploitation commerciale, voire trompeuse, d'une audience.
Beaucoup s’adonnent à des pratiques malhonnêtes, comme des faux concours ou de la publicité mensongère pour des produits de mauvaise qualité…

Suite à cela, une loi a été mise en place en juin 2023 pour réguler et mieux encadrer la profession sur les points suivants :

  • L’obligation de transparence : les influenceurs doivent désormais indiquer clairement qu’il s’agit d’une collaboration commerciale ou d’un produit offert.
  • L’interdiction de promouvoir certains produits : par exemple, la promotion de la chirurgie esthétique ou de produits dangereux pour la santé est désormais interdite.
  • La responsabilité des plateformes : les plateformes de diffusion comme YouTube, Instagram, ou autres, sont chargées de réguler le contenu et de signaler tout abus.